
En ce mois de mai 2025, l’association GénéaTech nous propose d’écrire sur le thème : 80 ans de l’armistice de 1945. En parallèle avec GENEANET, je participe aux relevés des FFI dans le Nord et plus particulièrement le groupe « Voix du Nord », fiche que nous pouvons trouver sur le site Mémoire des Hommes. Parmi eux : Louis Jules MARGA, cheminot originaire de Louvil, fusillé en juin 1944 pour faits de Résistance.
Un enfant de Louvil
Louis Jules Marga est né le 30 décembre 1898 à Louvil (Département du Nord) de Hortense BATAILLE, célibataire de 29 ans et de profession ménagère. Louis Jules n’est pas le premier enfant d’Hortense, car avant lui est née Clara, le 12 mai 1895, également à Louvil, mais leur mère est nommée Flore.
Les deux enfants seront légitimés par le mariage de Camille MARGA et de Hortense BATAILLE, le 9 juin 1900 à Louvil. Par la suite, la famille s’agrandira de quatre frères et sœurs, avec la naissance de Virginie Flore le 15 novembre 1901 (+ 1980), de Marie le 4 juillet 1903 (+ 1987), Camille le 2 novembre 1906 et Alcide le 2 septembre 1909.
Vie de famille et travail
Le 3 octobre 1925, Louis Jules épouse Aglaure Coignet, elle aussi originaire de Louvil, née le 29 octobre 1901. Il ne participera pas à la Première Guerre Mondiale, il fait partie de la Classe 1918 sous le matricule n° 2522. Sa fiche matricule nous apprend qu’il est ouvrier au Chemin de Fer, puis cantonnier à Cysoing (1928), puis garde-barrière à Lys-lez-Lannoy (1932), puis à Hem (1934).
Puis le couple s’installe à Ascq, aujourd’hui quartier de Villeneuve-d’Ascq, où Louis Jules travaille comme chef d’équipe à la SNCF.
Louis Jules et Aglaure ont trois enfants, Marie Madeleine (1926 – 2012), Jules Louis (1929 – 2003) et André (1933 – 1990). Cette vie familiale stable ne l’éloigne pas de la réalité de l’occupation. Au contraire : elle renforce sans doute sa volonté d’agir pour un avenir meilleur. Lors de la Seconde Guerre Mondiale, Louis Jules rentrera en Résistance contre l’Allemagne.

S’engager contre l’occupant
À partir d’octobre 1943, Louis Jules rejoint un groupe de résistants locaux à Ascq. Avec d’autres cheminots – Paul Delécluse, Henri Gallois, Eugène Mangé – il constitue un dépôt d’armes et d’explosifs destiné à saboter les lignes ferroviaires et à perturber les mouvements de l’armée allemande.
Le groupe mène plusieurs actions coordonnées, notamment les 25 et 29 mars 1944, puis une attaque spectaculaire contre un transport militaire allemand dans la nuit du 1er au 2 avril. Ces opérations, bien préparées, sont le fruit d’un travail d’équipe et d’un grand courage.
Arrestation et condamnation
Mais la répression allemande est impitoyable. Le 30 mai 1944, Louis Jules est arrêté et jugé par le conseil de guerre de Lille. L’avis officiel, publié dans Le Réveil du Nord le 16 juin 1944, le condamne à mort pour intelligence avec l’ennemi et possession d’armes.

Il est exécuté le 7 juin 1944 au « Fort de Seclin », avec six autres membres de son groupe. Seule Jeanne Cools, accusée d’avoir hébergé un dépôt d’armes, voit sa peine provisoirement suspendue.
Mémoire d’un résistant
Louis Jules Marga laisse derrière lui sa femme Aglaure, leurs trois enfants, et une fratrie endeuillée. Il n’a pas eu le temps de voir la Libération. Mais son nom reste associé à ceux qui ont risqué leur vie pour que d’autres puissent vivre libres.
80 ans plus tard, son engagement résonne toujours. Il incarne la Résistance silencieuse et déterminée, celle des cheminots, des familles modestes, des villages du Nord. Celle qui a su dire non, au prix du sang.
Louis Jules Marga a été fait chevalier de la Légion d’honneur le 24 février 1950 à titre posthume.
